lundi 10 septembre 2012

Le 9 septembre 2012, c'est la Bérézina

Le passage de la Bérézina est un drame entré dans la légende et dans la langue française. La victoire de Napoléon reste pour la plupart symbole d'une défaite, associant la défaite finale à la traversée de la rivière.



Le 25 novembre, la Grande Armée se retrouve face à la Bérézina. C'était ici que les Russes ont prévu de l'anéantir. La Bérézina, énorme affluent du Dniepr, n'était pas gelée. Large de cent cinquante pas, profonde de deux mètres et bordée de marécages et de forêts, elle coupait la retraite. L'Empereur ne disposait plus que de douze mille soldats, dont la moitié constituée par la Garde. Il pouvait également compter sur les vingt mille hommes de renfort conduits par Victor, Oudinot et Dombrovski. À ces troupes s'ajoutaient quarante mille civils et traînards pour la plupart désarmés. Les Russes, au nombre de cent vingt milles, répartis en trois armées, avaient eux aussi été affaiblis par les combats et l'hiver. L'amiral Tchitchagov tenait la rive ouest de la Bérézina et devait empêcher les Français de passer. Au nord se trouvait Wittgenstein et, à l'est et au sud, Koutouzov. Mais ce dernier, encore à plus de cent kilomètres des Français, ne pressait pas son armée. C'était le prestige inouï de Napoléon qui avait poussé le généralissime russe à commettre cette erreur qui consternait son état-major. Napoléon avait remporté tant de victoires que Koutouzov sous-estimait largement la désorganisation et la faiblesse de la Grande Armée. Il voulait donc une fois de plus éviter l'affrontement et laisser faire le climat et les privations.
Napoléon réussit un exploit qui sauva une grande partie de ce qui restait de son armée. Il envoya un bataillon suivi de milliers de traînards vers la petite ville de Borisov. L'amiral Tchitchagov crut que les Français allaient tenter de traverser là-bas et porta ses troupes en face de cette position. En réalité, l'Empereur ordonna aux pontonniers du général Eblé de construire deux ponts en face du village de Studienka. Quand Tchitchagov fut averti de ces travaux, il pensa... à une diversion destinée à le détourner de Borisov. Lorsqu'il comprit enfin son erreur, les deux ponts avaient été jetés sur la Bérézina dans des conditions épouvantables et les Français avaient commencé à s'établir solidement sur la rive ouest. Le premier ouvrage, fragile et dont le tablier se trouvait parfois au ras de l'eau, était utilisé par l'infanterie à 250 au nord de la route, et le second, plus solide, dans l'axe de la route, par l'artillerie et les voitures.
Sur les hauteurs, Napoléon avait fait installer quarante canons pour les protéger.
Le 27 novembre, plusieurs corps, dont celui du prince Eugène, qui ne compte plus que mille huit cents hommes, traversent la Bérézina. Le 28 novembre, à sept heures du matin, les Russes attaquèrent les deux rives à la fois…
Studienka n'a pas changé, voici le chemin qui aboutit à la rivière.


La pente douce qui y conduit débouche sur les quelques planches d'un embarcadère. Autour de nous, le haut plafond des nuages, le vent, forme autour du village de bois multicolore, une aire intemporelle. Tout est calme, serein, empreint d'une vibration émotionnelle. Comme dans une église à ciel ouvert.
Ici la paix a remplacé le drame.

Lors de notre promenade au Jardin des Tuileries, j'ai ramassé des silex. Je les déposes ici, petits symboles de tout ce qui a quitté la terre de France pour rester sur ces rives.

Mes pensées parcourent les berges d'il y à 200 ans, mais sont apaisées par la quiétude des lieux. Elle appelle au sommeil, ici, sur la rive.



Nous traversons le village de Molodeczeno. C'est ici, que Napoléon abandonne l'armée pour voler au secours de son Empire. Ses Ennemis sont persuadés désormais de triompher de lui. D'avoir triomphé d'un ennemi aussi valeureux, sera utilisé par Alexandre pour forger l'unité nationale et imposer son pouvoir aux autres Souverains. Pour cela, Alexandre Ier compte les trophées, les cadavres et fait fabriquer des aigles à l'identiques pour les présenter au public.
Napoléon s'il avoue à demi-mot le drame à son peuple, par le 29e bulletin de la Grande Armée du 3/12/1812, ne s'avoue pas vaincu. Devenu inutile au salut de l'armée, il traverse l'Europe en brûlant les étapes, presque seuls et souvent sous l'anonymat. Pour celui qui a traversé l'Europe accompagné de la plus grande force armée de l'histoire, le Châtiment se poursuit…
Une aigle a été trouvée dans les eaux il y une vingtaine d'année, sans doute jetée volontairement à l'eau pour la soustraire à l'ennemi. Elle ne porte plus de numéros.


Après la Bérézina, le corps de bataille de la grande armée, réduit à presque rien, se dirige vers Vilna, suivis de groupes épars, hébétés par un froid exceptionnel.
L'agonie se poursuit après Vilna, la cote de Ponary, deux étapes glacées jusqu'au Niémen.





Le dernier à le franchir est le Maréchal Ney, accompagné des soldats épars ayant conservés l'honneur et l'âme de la grande armée.


La veille, à Kovno, le 4e de ligne et le 18e, couchent dans une maison, qui pourtant modeste, contient les restes d'une brigade.
Nous franchissons le Niémen, et retournons dans nos vies. Demain l'avion, après demain je serais en chantier.
Henri

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