samedi 8 septembre 2012

Reconstitution du Bicentenaire de la Moskova, le 1er et 2 septembre




Nous quittons la douceur de l'autocar, pour rentrer dans la nuit et traverser un camp s'étendant sur plusieurs hectares. Durant un court instant, nous sommes comme le nouveau né devant l'inconnu, mais comme toujours, le soldat d'infanterie s'adapte, domine… et si possible vainc.




Dans l'humidité, nous recherchons longtemps ou se trouve l'infanterie française, car bien qu'il y ait trois autres camps sur le champ de bataille, nous trouvons dans le nôtre, un important parc d'artillerie, des cosaques dont la barrière est décorée des têtes coupées des nôtres, de l'infanterie russes et enfin, un lieu de restauration ou Christophe et Marc dînent gaiement d'un bol de boulgour et d'un borch (soupe) qui ici accompagne tout les repas. Quelle joie de se retrouver en territoire russe, sur le champ de bataille de la Moskova, après deux ans de projections et d'imaginaire cultivé depuis notre enfance. C'est autour d'une bière puis d'un feu que nous échangeons sur notre voyage, qui n'a connu que peu d'anicroches administratives.. Quelques attentes aux douanes, mais la préparation de notre dossier, avec photos et cartes de libre circulation a fait effet. Nous intégrons notre tente, du moins celle que nous croyons être la notre, car c'est celle de jeunes traducteurs, qui dans un langage fleuri nous demandent de les laisser seuls. C'est donc dans une tente vide que nous élisons notre quartier. Le froid nous pousse vers les feux sans chaleurs de bouleau trop vert. Et comme toujours la magie opère : de la nuit surgissent des visages amis : Baguette et ses camarades de Malte, Franck et Bernard de Iena, en Allemagne, Nigel du 21e de ligne, un anglais portant fièrement l'uniforme Français.. Y compris à Waterloo !… Les chasseurs de Montagne font parti du petit contingent de français qui a fait le voyage, cinquante environs. Nous ferons bataillons avec dit on, un peloton d'infanterie légère composé de solides russes. Mais pour l'instant nous ne le savons pas encore, car rien ne semble correspondre à la formation initiale des bataillons reçue il y a quelques mois et prévue par l'organisateur.
La formidable humidité nous empêche de dormir et bien que les heures chassent nos camarades vers leurs paillasses, nous restons quelques uns, seul dans une nuit ou tout semble possible. Les évènements insolites se succèdent, Nous en sommes les spectateurs involontaires ayant conclus d'un accord tacite de ne s'étonner de rien.
Une vivandière de Malte parlant un français impeccable, nous ravit, en chantant… Edith Piaf.
Dans la lumière du feu apparaît un homme robuste, portant une couverture sur les épaules. Il passe silencieux, s'appuyant sur un bâton, sans nous voir, il se réchauffe à nos flammes et disparaît dans le noir.
Un Cosaque de Sébastopol, vient nous parler en un bon anglais, mais enchaîne les sujets à une vitesse vertigineuse, Malte, puisque Lorna, la chanteuse, vient de cette île, puis Napoléon la Syrie, la prise de Sébastopol, le journalisme, la photographie, etc.… Comme ils nous voient désorientés, il nous demande de le suivre et ouvre son coffre, transformé en un vrai bar, ou Cognac (tout alcool coloré), vodka (alcool blanc) et nourriture (car il faut toujours manger un morceau après ces alcools forts. Puis il entreprend de nous apprendre le russe et comment chasser la fumée du feu nous suffocant par une formule incantatoire. Amusés, on essaie et cela marche !
Un soldat vient alimenter notre feu, sans en profiter, et plusieurs fois, il ressurgit de la nuit pour ce bénéfique service.
Dans les intervalles, nous continuons des conversations interrompues depuis nos dernières sorties communes, que celle-ci se soit déroulée il y a 6 mois ou deux ans. Nous parlons également de tous nos camarades qui sont restés au Dépôt : Martin et Nikki de Malte et de tous nos camarades du 18e de ligne, que nos amis étrangers connaissent.
Enfin, vaincu par la fatigue, nous allons dormir une ou deux heures.
La froide humidité me jette hors du sac. Dehors, des nappes de brouillard grisâtre se déplacent devant les efforts des premiers rayons de soleil. Et l'orient dévoile progressivement sa splendeur russe. Des gouttes de rosée me glacent le visage. Je profite du calme d'avant l'action qui contient les espoirs du monde. je savoure le moment, en regardant les ramures de bouleau, qui remue sous le souffle immatériel du jour. Une pensées pour ma tendre femme loin de là et j'ajuste le col de ma capote.

Dans l'humidité, nous recherchons longtemps ou se trouve l'infanterie française, car bien qu'il y ait trois autres camps sur le champ de bataille, nous trouvons dans le nôtre, un important parc d'artillerie, des cosaques dont la barrière est décorée des têtes coupées des nôtres, de l'infanterie russes et enfin, un lieu de restauration ou Christophe et Marc dînent gaiement d'un bol de boulgour et d'un borch (soupe) qui ici accompagne tout les repas. Quelle joie de se retrouver en territoire russe, sur le champ de bataille de la Moskova, après deux ans de projections et d'imaginaire cultivé depuis notre enfance. C'est autour d'une bière puis d'un feu que nous échangeons sur notre voyage, qui n'a connu que peu d'anicroches administratives.. Quelques attentes aux douanes, mais la préparation de notre dossier, avec photos et cartes de libre circulation a fait effet. Nous intégrons notre tente, du moins celle que nous croyons être la notre, car c'est celle de jeunes traducteurs, qui dans un langage fleuri nous demandent de les laisser seuls. C'est donc dans une tente vide que nous élisons notre quartier. Le froid nous pousse vers les feux sans chaleurs de bouleau trop vert. Et comme toujours la magie opère : de la nuit surgissent des visages amis : Baguette et ses camarades de Malte, Franck et Bernard de Iena, en Allemagne, Nigel du 21e de ligne, un anglais portant fièrement l'uniforme Français.. Y compris à Waterloo !… Les chasseurs de Montagne font parti du petit contingent de français qui a fait le voyage, cinquante environs. Nous ferons bataillons avec dit on, un peloton d'infanterie légère composé de solides russes. Mais pour l'instant nous ne le savons pas encore, car rien ne semble correspondre à la formation initiale des bataillons reçue il y a quelques mois et prévue par l'organisateur.
La formidable humidité nous empêche de dormir et bien que les heures chassent nos camarades vers leurs paillasses, nous restons quelques uns, seul dans une nuit ou tout semble possible. Les évènements insolites se succèdent, Nous en sommes les spectateurs involontaires ayant conclus d'un accord tacite de ne s'étonner de rien.
Une vivandière de Malte parlant un français impeccable, nous ravit, en chantant… Edith Piaf.
Dans la lumière du feu apparaît un homme robuste, portant une couverture sur les épaules. Il passe silencieux, s'appuyant sur un bâton, sans nous voir, il se réchauffe à nos flammes et disparaît dans le noir.
Un Cosaque de Sébastopol, vient nous parler en un bon anglais, mais enchaîne les sujets à une vitesse vertigineuse, Malte, puisque Lorna, la chanteuse, vient de cette île, puis Napoléon la Syrie, la prise de Sébastopol, le journalisme, la photographie, etc.… Comme ils nous voient désorientés, il nous demande de le suivre et ouvre son coffre, transformé en un vrai bar, ou Cognac (tout alcool coloré), vodka (alcool blanc) et nourriture (car il faut toujours manger un morceau après ces alcools forts. Puis il entreprend de nous apprendre le russe et comment chasser la fumée du feu nous suffocant par une formule incantatoire. Amusés, on essaie et cela marche !
Un soldat vient alimenter notre feu, sans en profiter, et plusieurs fois, il ressurgit de la nuit pour ce bénéfique service.
Dans les intervalles, nous continuons des conversations interrompues depuis nos dernières sorties communes, que celle-ci se soit déroulée il y a 6 mois ou deux ans. Nous parlons également de tous nos camarades qui sont restés au Dépôt : Martin et Nikki de Malte et de tous nos camarades du 18e de ligne, que nos amis étrangers connaissent.
Enfin, vaincu par la fatigue, nous allons dormir une ou deux heures.
La froide humidité me jette hors du sac. Dehors, des nappes de brouillard grisâtre se déplacent devant les efforts des premiers rayons de soleil. Et l'orient dévoile progressivement sa splendeur russe. Des gouttes de rosée me glacent le visage. Je profite du calme d'avant l'action qui contient les espoirs du monde. je savoure le moment, en regardant les ramures de bouleau, qui remue sous le souffle immatériel du jour. Une pensées pour ma tendre femme loin de là et j'ajuste le col de ma capote.
Alors, le silence laissa la place au crépitement sec d'une flamme dans l'air froid, et tournant la tête, je rejoins Marc et Christophe se démenant autour du petit feu. Quelques autres silhouettes rares se meuvent dans le brouillard, et l'on entend le craquement sec et fort de coups de hache. Il y eut soudain le son creux d'un roulement de tambour. Une lointaine trompette chanta vaguement. Les mêmes sonorités, variant dans leur puissance selon leur éloignement, arrivaient par delà la forêt. La masse humaine se trouvant dans le camp remua. Un long murmure de voix éclata dans l'air, rempli de jurons lâchés à voix basse. On s'adressa à d'étranges déités pour condamner ces heures matinales si nécessaires pour prendre nos places pour ce Bicentenaire. La voix de ténor péremptoire d'un officier résonna pour activer les mouvements engourdis des hommes. Les membres se démêlèrent. Les visages aux teintes cadavériques étaient cachés par des poignées se tortillant lentement sur des yeux : le bain matinal du soldat.
Le soleil rendit les couleurs de la vie à tous et après un déjeuner réduit à un thé sucré, nous primes la route de Shevardino, lieu des combats du 5 septembre 1812.


Nous marchions par peloton, recevant au fur et à mesure de la marche des hommes désirant intégrer notre formation, Américains, Canadien, Anglais, Badois et les superbes carabiniers de la 8e légère de Russie, coiffés due leur bonnet à poil. Mon peloton, le premier, arrivent avec 11 files, le second est formé de la 8e, le troisième greffe des corps de la confédération du Rhin autour du 3e de ligne de Jean Yves Sébastian.
Au pas, le bataillon débouche dans le champ de manoeuvre, dominé par la redoute très bien conservée à proximité du seul monument français du champ de bataille que en compte 63 !.
Ce trajet nous pris deux heures aller-retour, qui aurait pu servir à un entraînement progressif par peloton sous le contrôle de Christophe. En effet, notre camp s'étant sur plusieurs hectares et permettait cela.
A peine arrivé sur le terrain, il fallut, sous les invectives d'un aide de camp affublé d'un costume de Cuirassiers, ignorant le fonctionnement mesuré et méthodique de l'infanterie, se plier a son désire d'aller vite et bien, sans nous laisser le temps de sortir nos guides, ni de faire un peu d'exercice ni même de lancer les ordres préparatoires.
Il fallut marcher en ligne, tout de suite, puis se ployer en colonne et se déployer, sans guides ni nommer des soldats solides aux files de gauches et de droite. … Et quand je voulu prendre deux minutes pour nommer des guides, nous furent convoqués par l'état major qui nous tança, par un « cela ne va pas assez vite, cela ne marche pas ». Et former le carré.
Le chef de bataillon simplifia donc les ordres, les manoeuvres, ce qui m'obligea à une adaptation douloureuse - contre nature - mais avions-nous le choix, devant la barrière des langues et le manque d'exercice ? Les soldats souvent inexpérimentés, s'applique dans les évolutions et les officiers s'applique encore plus que d'habitudes. Tous se concentrent pour donner le meilleur d'eux-mêmes, conscient aussi d'être sur une Terre d'Histoire. Nos hommes sont parfois désorientés et semblent désolés, quand à bout de nerfs, un officier lance son épée qui se plante dans le sol souple ou quand le chef de bataillon, veut manger son chapeau. Tout en gardant le sourire, conscient de l'amalgame complexe qui nous est donné d'accomplir.
Comme durant la campagne de 1815, notre infanterie est agressive, mais sujette à ne pas suivre les ordres ou à les anticiper : changement de direction ou même départ en tirailleur intempestif, difficulté à retraiter.
Les batailles du samedi ensoleillé et du dimanche pluvieux se déroulent, selon un scénario identique. Les reconstitueurs seraient 1250 (selon des comptages non officiels : 150 artilleurs, 250 cavaliers, 850 fantassins), qui lutterons dans un nuage de troupes, à travers une fumée ne s'entrouvrant que par à coup, sous un vent intermittent.




Nous sommes en réserve dans un bois clairsemé. Les hommes en attente, observent le début de la bataille et le dispositif dense et profond des russes. Un aide de camp arrive au galop, notre chef de bataillon s'avance alors. Leurs voix sans émotions arrivent indistinctes à nos oreilles. Notre chef vient vers nous et sa voix forte nous enlève à l'abri des arbres. Dès la lisière, la fumée noie le paysage, masquant presque totalement la ligne verte qui nous fait face et le squelette fumant du village de Sénénoskoïé. La prairie souple sous nos pieds masque le bruit des pas, mais le cliquetis des équipements nous donne le rythme et nous unis Marc, Eddy et Daniel sont dans l'unité de têtes et nous avançons portés par les cris scandés de nos camarades, fier de leur uniforme et furieux contre les troupes qui osent nous tenir tête. Le premier peloton, ainsi poussé, fait feu à deux reprises et aussitôt aborde l'ennemi dans le village. Le choc est violent, incertain…Les officiers russes avec qui je lutte ne se laissent pas impressionner et leurs soldats ne reculent qu'après une poussée énergique et ordonnée. Mais d'autres bataillons français entrent dans le village et les Russes qui ne sont pas au sol, s'échappent ! Et sont aussitôt remplacé par une nouvelle ligne d'infanterie. Sans les ruines du village, nous serions désorientés au milieu des masses d'infanterie. Une batterie d'artillerie se place à notre droite et cette fois les russes cèdent. Après un échange de feu, le Chef de Bataillon envoie les légers s'assurer de la tête de pont et plaçant les deux autres pelotons par le flanc, nous le fait franchir en pas accéléré. La montée est rude, mais par un « front », nous nous plaçons face à l'ennemi qui recule vers la grande redoute.









Epaulés par d'autres bataillons et par plusieurs batteries d'artillerie à notre gauche, nous progressons vers les lignes russes, mais de nombreuses charges de hussards verts et cosaques, nous obligent à stopper. Nous formons le carré à chacune des dix charges que nous encaissons. Plusieurs fois l'état major de notre division vient chercher refuge dans notre carré. J'entendis alors un beau dialogue : le général remercia le Chef de Bataillon de son hospitalité pour lui et ses aides de camps et notre Christophe de répondre, qu'ils seront toujours les bienvenus dans le carré inexpugnable du 18e de ligne. Visiblement le scénario laisse la Grande Redoute aux Russes et nous n'irons pas plus loin.







Les charges des 250 cavaliers, constitués en brigade s'élancent par vagues sur ce champ de bataille enherbé et souple, qui fait le bonheur des cavaliers jusqu'à la fin de la bataille. Dans le lointain, l'hélicoptère présidentiel Russe s'éloigne.
De même, nous quittons le champ de bataille sous escorte policière, visiblement détendue depuis le départ du Président.





Le Dimanche matin, nous retournons à Shevardino pour une cérémonie présidée par M. Valery Giscard D'Estaing, le ministre de la culture russe et Oleg Sokolov.




Les deux premiers parlent de la paix entre les peuples et donnent leur vision apaisée et œcuménique de la bataille, tandis que le dernier nous donne une fois son feu en rendant hommage à tous les reconstitueurs. Oleg Sokolov a commencé en 1978 les premières reconstitutions ici, avec quelques soldats, puis au fil des années l'évènement s'est étoffé et en 2012, nous réalisons son rêve, voir revivre le XIXe siècle et pour cela, il nous dit, ému lui aussi, un immense merci. Un hommage est rendu aux morts de toutes les nations et un peu plus tard, à tous les reconstitueurs russes, ayant disparu par les hasards de la vie.

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